Cela va vous paraître ridicule mais je voudrais dire aujourd'hui que j'ai découvert au travers des mains tendues, des appels d'amis, des sourires que l"être humain peut être Bon. C'est là où l'on se dit que Dieu existe et qu'il a façonné l'être humain à sa façon. Et puis bien sûr, il y a "les autres". Il y a le Bien et le Mal, mais l'être humain peut être foncièrement Bon.
J'ai vécu aujourd'hui des moments de bonté d'une rare intensite, d'une rare densité. Rien que pour cela, je suis heureux d'être sorti de ma bulle depuis quelques semaines, de ce face à face avec la mort. Oui, je crève de mal, mais la mort elle attendra, parce que il y a encore tellement de bonté à prendre.
Mes amis, ce sont mes clients et colllègues. Forcément, je n'ai fait que bosser pendant 20 ans. Les clients, des gars de 50 ou 60 ans qui ont développé leur groupe sans émotion, à la force du poignet, des battants, des durs. Et là, l'émotion explose à la gueule, l'émotion brute, pure, sans fard, sans filtre, les mots vrais, beaux et purs, spontanés.
Merci à toi Emmanuel pour l'heure passée ensemble... tu n'a pas voulu me dire combien de temps ton oncle avait combattu cette foutue maladie...tu craignais de me faire peur...peut-être moins d'un an sûrement..j'ai insisté...insisté...tu n'a rien voulu lâcher..ce n'est pas grave...
Merci à toi Bernard. Putain, bernard, qu'est ce que j'aurais aimé que mes mômes entendent tes mots. Pourtant, Bernard, tu n'es pas un tendre et bien là, Bernard, j'avais envie de te dire " tu leur dira la même chose à mes trois mômes le jour de mon enterrement, hein Bernard, tu les coinceras à la sortie de l'église et tu leur diras les mêmes mots". Bernard, tu m'as presque fait pleurer mais tu m'as donné tellememt d'énergie.
Et puis Alain à qui j'avais promis de donner des nouvelles...On le fera ce deal... mais que tes mots étaient vrais, beaux, sincères, oui on se verra à Paris et toi aussi tu leur diras à mes trois mômes, tu leur diras.
La semaine dernière, mon prêtre me disait que l'on fêtait l'apparition de Jésus à Paray le Monial en 1675 je crois. Jésus y avait dit "voyez ce coeur qui a tant souffert et qui ne recoit que de l'indifférence". Mais aujourd'hui, je n'ai reçu au bureau que des vagues d'amour et de bonté, brute, violente, celles qui frappent comme la vague glacée..mais qui font tellement de bien.
Et puis les enfants. Ce soir, surprise, livreur japonais, sushis et dîner avec baguettes. On prend des photos. Les enfants sont ravis.
Mon horizon s'est raccourci, il faut faire vite, vite, demain après demain, il sera trop tard. Je suis le seul à le savoir.
Mon ami et client Louis m'appelle. Il "sait". Il entend les enfants sur mon portable. Il me dit " tu vois, le bonheur est à tes pieds et tu ne le savais pas". Qu'est-ce que tu as raison Louis. Qu'est-ce que je les aimes mes trois garçons.
La nounou a accroché le cadre avec la photo de la journéee passée à faire du poney dans la chambre des deux plus petits, Adrien et Arnaud. Je suis heureux.
Et puis, grâce à Guillaume, les vacances de juillet sont calées. Antoine, Arnaud, Adrien et la nounou. Je devrais encore arriver à dissimuler, à cacher ma souffrance. Interdit de montrer, interdit de craquer. Taxi, Tgv, taxi direction Chamonix. Petit train, téléphérique, etc....mes dernières vacances debout, mes dernières vacances probablement. Je vai essayer de me gaver de leur bonheur.
Je souffre. Fasciculations, douleur musculaires et à la trachée. Mais je m'en fous. La mort attendra encore. Il y a trop de bonheur à prendre ici et là.
Bonsoir. Merci à vous dont les vagues de bonté brute me permettent de remonter sur le sable lorsque je sombre. Je vous embrasse.
Promettez moi. Ces moments, on va les vivre intensément, comme je les vis avec mes trois petits gars.
Je vous embrasse.
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