Bonsoir,
"Keep fighting, use each and every single minute of your time with your children. They will keep you strong and you will make them strong; they will feed you with strength and you will feed them with strength. Write for them, write to them, they must know, they have to know" C'est ce que vient de me dire Owen au téléphone. Mon ami Owen. Ses phrases résonnent avec une grande intensité dans ma tête. On a mené de grandes batailles professionelles ensemble. Un compagnon d'armes.
Aujourd'hui, saint-Thierry. Mes enfants ont couru vers moi et m'ont offert chacun un dessin. Il y avait tellement d'amour dans leurs yeux, tellement de remerciements, de reconnaissance pour le bonheur procuré au cours de nos petites "escapades" du week end, là où je donne toute mon énergie, là ou je lache tout. Arnaud a dessiné un hélicoptère (vous allez comprendre pourquoi) et Adrien un porte container. Antoine a dessiné le maillot du RC Anderlecht (équipe dont je suis supporter depuis ma plus tendre enfance).
Oui, ce week end, nous avons pris l'hélicoptère à l'héliport de Paris. Les enfants ont demandé à survoler chacun des stades : roland garros, le grand state, le parc des princes et puis le chateau de versailles. On s'est gavé de bonheur mutuel. De vrais moments de grande complicité. A l'escale sur l'aéroport de Toussus le Noble, un jeune homme nous a recu et aidé à descendre de l'hélicoptère. Il m'a pris le bras. Je lui ai dit que j'avais du mal de marcher. En trois minutes, il m'a raconté sa vie : 23 ans, cancer des ganglions, mais il se bat, il se bat. Alors, on a parlé, parlé, parlé....pendant que les enfants mangeaient une mousse au chocolat. On s'est tout dit en trois minutes. Il m'a pris la main avant de fermer la porte de l'hélico. Il m'a dit : "bats toi pour tes mômes". Et quand l'hélico a quitté le sol, nos regards se sont croisés, il a levé son pouce. J'ai fait de même. Il y avait bcp d'intensité dans nos regards respectifs qui se perdaient à l'horizon. Je pense à lui ce soir. Je n'oublirai jamais ce pouce levé.
Mon médecin généraliste a été surpris de me voir avec le sourire hier soir. Pas le choix. Plus le choix. Se battre jusqu'au bout. La politique de l'autruche qu'il m'avait conseillé au début ne marche pas. La maladie est là de toute façon. Il faut faire face seul et avec dignité aux situations les plus crues et les plus violentes (visite chez l'érgothérapeute semaine dernière, présentation de déenbulateurs, de chaises roulantes, obligations de transformer la douche pour accès plus aisé). Pas de politique de l'autruche, c'est voué à l'échec. Mais faire face dignement.
Oui, la maladie développe un autre instinct, une autre appréhension du temps, réveille l'instinct d'amour. Le hamster a arreté de pédaler dans sa roue et a stoppé sa quête de futilités. Focus sur l'essentiel.
Le bisou du soir au dodo des enfants en cette soirée de Saint Thierry était un vrai bisou d'amour. Une communion entre gars,entre mecs dont les veines sont irriguées du même sang... Une vrai fusion. Quel moment de bonheur. Mais pourquoi faut-il attendre la maladie pour apprécier cela. Gavez vous mes amis, faites le, n'attendez pas, il sera trop tard après.
Gonzague, tu me l'as dit ce soir. Oui, tu me donneras le sourire, ce sourire qui donnera la force d'aimer. Tu va m'aider avec Christophe et Jean.
Visite à la Salepé. Allez voir l'église. Elle ruisselle et transpire d'espérance, de foi, d'espoir et d'amour. Il y a une belle statue de Padré Pio. J'ignorais. Maintenant, je sais. Padré Pio, le Rosaire. Grâce à Marie. Une lecture importante dans ce cheminement spirituel que je fais depuis quelques mois. Deux autres petits livres qui m'ont marqué : "le sens chrétien de la souffrance" de JP 2 et "Vivre l'instant présent" de Chiara Lubbich.
Vendredi dernier, moment et endroit incongrus. Nous avons parlé psaumes avec A. Nous nous sommes posés. J'ai bu une bière. Autour de nous, une centaine de collaborateurs. Echange étonnant, dense entre deux collaborateurs qui parlaient tout à coup de l'essentiel.
J'ai fermé les commentaires au blog. Je passe trop de temps. Ne m'en voulez pas. Je ne voeux pas devenenir esclaves des e-mails et de la maladie. Je l'a rouvrira surement.
Je m'endors, le visage fixé sur le dessin des trois enfants. Et puis, c'est bientôt les vacances. Les dernières debout. Je suis lucide et combatif.
Owen m'a dit "stand up and fight for your children". I will. "C'est comme cela que tu es fait et on ne te changera pas" m'a dit L.
Je vous embrasse.
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